Troisième article sur le féminisme !
Au fil des siècles, voire des millénaires, notre société
s’est diversifiée, enrichie de cultures accompagnant les progrès techniques et
technologiques dans tous les domaines de la vie.
Le féminisme est né de ces progrès,
qui ont mis en lumière les inégalités de traitement entre les hommes et les
femmes, et les ont rendues inadmissibles.
Pour ne citer qu’un exemple, qui fait encore beaucoup parler
aujourd’hui, il aurait été impensable, aussi bien pour un homme que pour une
femme, que la femme ne soit pas la mère, la nourricière, la femme au foyer,
l’instructrice, à l’époque de nos lointains ancêtres. C’était son rôle dans la
société. Mais avec les progrès, techniques d’une part, et sociaux d’autre part,
on a d’abord assisté à l’invention de l’avortement, puis à la nécessité de sa
légalisation et de sa démocratisation, afin que la femme puisse librement
disposer de son corps sans être contrainte à un rôle de mère qu’elle n’aurait
pas voulu. La contraception est également née de cette volonté collective que
les femmes doivent pouvoir ne pas enfanter si elles n’en ont pas envie.
Ont suivi des tas de modifications de la société, chacune
accordant à la femme, surtout dans le domaine professionnel, des mesures au
coup par coup, que l’on peut diviser en deux phases distinctes. La première a
consisté à faire une place à la femme dans le monde du travail, et la seconde,
à considérer sa volonté de concilier son rôle de salariée et son rôle de mère,
en créant des mesures lui facilitant la vie (crèches d’entreprise, gardes
d’enfants, étude scolaire rallongée le matin et le soir, etc.).
Et pourtant, même malgré la mise en place progressive de
toutes ces mesures, l’égalité n’est toujours pas atteinte : les femmes ont
toujours un accès plus difficile aux postes à hautes responsabilités, et les
salaires ne sont toujours pas identiques.
Paradoxalement, ces avancées dans le monde professionnel ont
été accompagnées d’un net recul dans d’autres domaines.
Ainsi, il était inévitable que le féminisme devienne LES
féminismeS. Au lieu d’avoir des groupes qui se battent tous pour un même
objectif commun, comme c’était encore le cas à la fin du XVIIIè siècle, nous
assistons depuis les années 1960 et l’arrivée de la « deuxième vague
féministe », à une multiplication du nombre de groupes féministes, chacun
se focalisant principalement sur un combat en particulier. La parité en
politique et dans l’administration publique, l’égalité salariale, l’égalité
d’accès à tous types d’emplois et de postes, le partage équitable des tâches
ménagères et de l’éducation des enfants, la lutte contre le harcèlement sexiste
de rue, contre le harcèlement sexuel au travail, contre le harcèlement
non-sexuel mais sexiste, etc.
Autant de groupes qui se battent chacun de leur côté, avec
pour objectif un même résultat finalement : l’égalité hommes-femmes, mais
chacun avec des moyens d’action et des méthodologies de communication et de
rassemblement très différents.
Parmi ces combats, il en est un, en particulier, qui fédère
moins que les autres, et que beaucoup de femmes et d’hommes dénoncent, de
manière individuelle, sans faire partie d’un mouvement, sans agir de manière
concrète, et en se cantonnant à son cercle proche.
Il s’agit de la lutte contre le harcèlement de rue, les
violences sexuelles, conjugales et non-conjugales, verbales et physiques, et
surtout le cyber-harcèlement sexuel et/ou sexiste, qui a énormément cours sur
les réseaux sociaux, du fait du sentiment d’anonymat (erroné) qui règne sur le
net. Et c’est dans ces sphères que l’on retrouve, le plus, la forme radicale du
féminisme.
Ce féminisme radical, qui est l’objet de cet article, est né
principalement de la discrimination, et plus particulièrement d’une prise de
conscience de la violence (sexuelle, mais pas que) envers les femmes dans nos
sociétés contemporaines. Il s’étale sur le net, sous diverses formes :
blogs, chaines Youtube, sites d’informations, et groupes sur les réseaux
sociaux.
Comme précisé dans mon précédent article :
« La plupart de ces groupes, qu’ils soient sur des
réseaux sociaux ou sur de simples sites ou blogs, sont constitués exclusivement
de femmes. Ce n’est plus à prouver, les groupes non-mixtes ont un effet
cathartique, qui permet aux membres de ces groupes de se sentir plus libres,
dans leur parole, leurs propos, leurs opinions, sans prendre le risque qu’un
membre du sexe opposé vienne minimiser, railler, débattre, ou émettre une
opinion décalée. Ainsi ces groupes peuvent s’avérer thérapeutiques, pour les
femmes qui n’osent pas parler à cœur ouvert à leurs proches, ou qui ne
voudraient ou ne pourraient pas s’adresser à un professionnel. Le revers de la
médaille, c’est la radicalisation, un processus anthropologique malheureusement
naturel et inévitable, dès lors qu’un groupe décide de se refermer sur lui-même
en excluant totalement toutes les personnes qui n’en font pas partie. »
L’effet cathartique réel et profond de la parole libérée,
permis par ces groupes non-mixtes, est rapidement remplacé par un soulagement
beaucoup plus superficiel, engendré par le sentiment d’appartenance exclusive à
un groupe défini : inconsciemment, les membres de ces groupes ne se définissent
plus comme des femmes, mais avant tout comme des machines féministes nées des
décombres de femmes qui auraient été brisées.
[On va placer tout de suite le point Godwin : c’est
exactement ce sentiment qui a mis Hitler au pouvoir ! Hé ouais.
C’est aussi ce même sentiment qui fait régulièrement les
choux gras du FN (pardon, maintenant on dit RN), des groupes identitaires, des
cellules islamistes, et de manière générale, dans quelque domaine que ce soit,
de tous les groupes radicalisés. ]
Ces groupes et leurs membres n’admettent pas la moindre
critique, fût-elle aussi constructive et argumentée que possible, sur leurs
méthodologies, leurs moyens d’action, leurs propos, et refusent de donner la
moindre visibilité aux gens, hommes comme femmes, qui ne seraient pas
entièrement d’accord avec la totalité de leurs opinions (d’ailleurs, dès
l’instant où une personne ose émettre la moindre critique, il ne peut s’agir à
leurs yeux que d’un homme, bien évidemment).
Sur Facebook, ce sont des groupes privés desquels on ne peut
strictement rien voir à moins d’en être membre, et réussir à y entrer
nécessiterait un travail journalistique et d’investigation de plusieurs mois,
pour créer un faux profil crédible.
Sur Twitter, ce sont des femmes, exclusivement abonnées à
d’autres femmes ayant les mêmes opinions qu’elles, et qui, souvent, annoncent
d’emblée la couleur en préambule de leurs profils : « je ne réponds
pas aux hommes qui voudraient m’apprendre ce qu’est le féminisme ». Dans
la pratique, beaucoup de ces femmes ne prennent même pas la peine de répondre
aux hommes curieux et ouverts qui se contentent de leur poser de simples
questions sur le féminisme, et elles n’hésitent pas à afficher, aux yeux de
tous sur leur fil d’actualité, des commentaires qui ne vont pas dans leur sens,
extrayant la plupart du temps des morceaux de phrases de leur contexte, et ne
cherchant même pas à discuter pour dissiper les éventuelles incompréhensions ou
interprétations, que nous faisons tous lorsque nous avons affaire à un sujet qui
nous touche.
Sur les sites ou les blogs, la modération préventive leur
permet de supprimer le moindre commentaire qui n’irait pas dans leur sens,
avant même qu’il soit visible en ligne.
Elles sont catégoriques : le féminisme est une affaire
de femmes, et uniquement de femmes, et aucun homme n’y a sa place.
D’ailleurs, en creusant un peu, il ressort une seule et
unique opinion majoritaire dans tous ces groupes : tous les hommes sont
des salauds et des connards, ils cherchent tous, toujours, partout, à dominer,
soumettre et asservir toutes les femmes.
Mais il ressort également une autre chose : presque
toutes ces femmes ont, un jour ou l’autre, une ou plusieurs fois dans leur vie,
eu à faire face à un évènement traumatisant impliquant un homme, la plupart du
temps une agression sexuelle, voire un viol.
L’appartenance au groupe est donc également caractérisée par
un profond sentiment d’injustice, et de vengeance : même si certaines de
ces femmes, individuellement, n’ont vécu qu’un seul évènement, le sentiment de
colère de chacune semble augmenter exponentiellement avec le nombre de membres
composant leur groupe, comme si chacune avait vécu la totalité de ce qu’ont
vécu toutes les autres.
Nous avons ainsi à faire face à un féminisme de la colère,
un féminisme du traumatisme, un féminisme de la vengeance, dans lequel les
femmes préfèrent exprimer entre elles leur haine des hommes, plutôt que de
rechercher des solutions pour défendre leurs droits et de s’adjoindre l’aide de
personnes, indifféremment hommes ou femmes, qui seraient à même de les aider à
trouver ces solutions.
Et paradoxalement, Internet, l’outil universel par
excellence de l’ouverture sur le monde et sur les autres, devient alors un
moyen de repli sur soi et de cloisonnement, grâce auquel les féministes
radicales peuvent propager et recevoir leurs idées de manière exclusive, sans
jamais avoir à faire face à la nécessité d’une remise en question ou d’une
discussion ouverte sur leurs opinions puisqu’elles ne sont en contact qu’avec
des gens qui partagent pleinement et totalement leurs points de vue, sans
jamais les questionner.
Il est même intéressant de noter les similitudes, dans les
moyens et les méthodes de communication, entre les féministes radicales et les
groupes radicaux politiques, sociaux ou religieux…
C’est pour toutes ces raisons que le féminisme
d’aujourd’hui, le féminisme 2.0, est vivement critiqué, y compris par des
féministes.
Il rassemble, fédère, et libère la parole, mais il est aussi
éparpillé, trop éloigné de la réalité, et radicalisé.
Lorsque le féminisme radical est né, dans les années 1960,
il avait ses théoriciens et théoriciennes, des gens instruits et érudits, qui
observaient, analysaient la société et ses mœurs, et tentaient de comprendre
les mécanismes à l’œuvre dans la domination des hommes sur les femmes afin de
trouver le moyen d’y mettre un terme.
Mais aujourd’hui, les féministes radicales sont, pour la
plupart, des adolescentes et des jeunes femmes en colère et traumatisées qui ne
savent pas comment vivre dans une société qui ne les a ni préparées, ni
protégées, ni vengées. Les raisons de la domination masculine ne leur importent
pas le moins du monde, la recherche de solutions encore moins. Pour la plupart,
elles ne savent pas grand-chose du féminisme, de son histoire, de ses
précurseur(e)s, de ses combats à travers les âges (il y a une page Wikipédia
sur le féminisme, l’ont-elles seulement consultée…).
Elles ne cherchent qu’à exprimer leur colère, et
s’égosillent à l’encre virtuelle devant un parterre de suiveuses qui ne feront
que valider leurs errements post-traumatiques, sans jamais agir ou s’engager
réellement pour la cause qu’elles prétendent défendre et de laquelle elles
s’imaginent participer.
Et cet état de fait est malheureusement dommageable au mouvement
féministe tout entier, qu’il participe à discréditer jusque dans ses propres
rangs.
Benoîte Groult, écrivaine, féministe, décorée de la Légion
d’Honneur et de l’Ordre National du Mérite pour l’ensemble de son œuvre
littéraire et de son engagement féministe, écrivait :
« Le féminisme ne se résume pas à une revendication de
justice, parfois rageuse, ni à telle ou telle manifestation scandaleuse ;
c’est aussi à la promesse, ou du moins l’espoir, d’un monde différent et qui
pourrait être meilleur. »
J’espère que ces trois articles, certes beaucoup trop concis
au vu du sujet, auront pu ouvrir un peu l’esprit et mettre du plomb dans la
tête de ces idiotes enragées qui s’imaginent défendre leurs droits en blâmant
50% de la population qui ne leur a rien fait, pour la seule et unique raison
que, comme leurs bourreaux d’adolescence, 50% de la population a une
bite.
À bon entendeur, bande de pauvres connes.
Et pour les autres, les gens intelligents qui ont un cerveau
et qui savent s’en servir, j’espère que ces articles vous ont plu, et vous
auront appris quelques trucs sympas sur un mouvement Ô combien indispensable et
nécessaire, malheureusement trop visiblement porté par des sottes hystériques
et traumatisées.
Commentaires
Enregistrer un commentaire