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Le féminisme, Partie 2.


Deuxième article de la série sur le féminisme !
Il va être question dans un premier temps du féminisme moderne, qui prend de nombreuses formes, mène de nombreux combats, sur de nombreux fronts, et adopte surtout les codes du numérique, en s’appuyant sur les réseaux sociaux pour essaimer. Une méthode de propagation et de manifestation qui a autant d’avantages que d’inconvénients, nous allons le voir.
Dans un second temps, on va parler un peu plus en détail de certains et certaines (oui, certains aussi) féministes modernes, qui contribuent réellement à faire bouger les choses.



Lors de son arrivée en France, Internet était une chose aussi obscure que géniale, à la fois très intéressante et totalement inutile. Les usages étaient limités, mais tout était là : web, mail, p2p, messagerie instantanée, jeux en ligne…

Il manquait les réseaux sociaux. Quand Facebook est apparu en France, c’était juste un truc de hipsters universitaires américanisés, qui étaient capables de te pondre un essai en 25 tomes sur ce qu’ils y faisaient, mais pas une ligne sur à quoi ça leur servait.

Aujourd’hui, les réseaux sociaux sont utilisés à des fins très diverses. Pour les personnes lambda, il s’agit surtout de retrouver de vieilles connaissances, rester en contact avec des amis ou de la famille géographiquement éloignés, par exemple.
Pour les célébrités, dans quelque domaine que ce soit, c’est surtout pour rester en contact avec le public (acteurs, chanteurs, auteurs, etc.), ou pour communiquer et se faire mousser (politiques, etc.).

Et enfin, l’un de ces usages, à la fois le plus utile dans sa fonction et le plus néfaste dans sa méthodologie, c’est le rassemblement de groupes de pensées.


Le féminisme ne fait pas exception à la règle, et Internet en général, les réseaux sociaux en particulier, ont permis à de très nombreux groupes féministes de se former à travers le monde, tous menés par une idée, une sorte de ligne directrice, qui est identique pour tous les groupes : défendre les droits des femmes.

Mais chacun à sa façon, en menant ses propres combats. En effet, tous les groupes sont partagés, divisés, quant au front principal sur lequel lutter, les moyens à adopter, les méthodes à utiliser.

La plupart de ces groupes, qu’ils soient sur des réseaux sociaux ou sur de simples sites ou blogs, sont constitués exclusivement de femmes. Ce n’est plus à prouver, les groupes non-mixtes ont un effet cathartique, qui permet aux membres de ces groupes de se sentir plus libres, dans leur parole, leurs propos, leurs opinions, sans prendre le risque qu’un membre du sexe opposé vienne minimiser, railler, débattre, ou émettre une opinion décalée. Ainsi ces groupes peuvent s’avérer thérapeutiques, pour les femmes qui n’osent pas parler à cœur ouvert à leurs proches, ou qui ne voudraient ou ne pourraient pas s’adresser à un professionnel.


Le revers de la médaille, c’est la radicalisation, un processus anthropologique malheureusement naturel et inévitable, dès lors qu’un groupe décide de se refermer sur lui-même en excluant totalement toutes les personnes qui n’en font pas partie.
Mais nous parlerons des féministes radicales dans un article prochain…


Parce qu’il existe en effet un autre féminisme, un « vrai féminisme », selon la formule de beaucoup de ces « vrais féministes » qui s’opposent au féminisme radical.

Un féminisme engagé, réfléchi, nourri de personnalités instruites qui voient la réalité en face, et qui ne se battent qu’avec les moyens dont elles sont le plus capables, et qu’à la condition que leurs combats aient une utilité et des résultats.


On pourrait parler des « poids lourds », comme Simone de Beauvoir, qui a fait partie du MLF dans les années 70, et qui a lutté pour la légalisation de l’IVG, notamment en écrivant en 1971 le Manifeste des 343, une pétition signée par 343 femmes qui ont avoué s’être fait avorter au moins une fois, alors que le procédé était à l’époque illégal et passible de poursuites (en plus d’être, de fait, dangereux) ; ou comme Simone Veil, que Valéry Giscard d’Estaing a nommé ministre des droits des femmes en 1974, en lui confiant la mission de tout faire pour rendre l’IVG légale (un homme féministe, ce Giscard ?).


Mais je trouve plus intéressant d’aborder des personnalités moins unanimement connues, et un peu plus contemporaines.


Commençons par Florence Montreynaud et Isabelle Alonso, qu’il serait difficile de dissocier.

Florence Montreynaud


Écrivaine française née en 1948, qui s’est engagée dans le MLF et le Planning Familial de Paris en 1971, Florence Montreynaud est à l’origine de l’ouverture d’une permanence du PF et d’un centre d’orthogénie, dans deux communes de l’Oise.

  • En 1978, elle est la première femme candidate aux législatives de sa circonscription, après avoir été la première femme élue conseillère municipale d’une commune de l’Oise. Mais face aux violences sexistes, elle décide d’abandonner rapidement la politique.

  • À la fin des années 80, elle préside pendant deux ans l’Association des Femmes Journalistes, et dès le début des années 90 elle commence à étudier la prostitution féminine, du point de vue des hommes. Plus particulièrement, elle observe qu’une grande majorité d’hommes ne sont pas prêts à payer pour des rapports sexuels, et s’intéresse aux raisons de cet état de fait.

  • En 1999 puis en 2000, elle crée successivement deux mouvements, les Chiennes de Garde, une association (cofondée avec Isabelle Alonso suite aux insultes sexistes à l’encontre de Dominique Voynet, ministre de l’environnement) qui, grâce à son statut juridique, a la possibilité de se porter partie civile lors de procès de femmes insultées ; et La Meute, un observatoire mixte et international de la publicité sexiste, qui mène diverses actions publiques pour lutter contre le sexisme dans la pub. Les deux associations sont mises en commun dès 2008.

  • En 2001, elle crée également le mouvement Encore Féministes !, dont le manifeste liste vingt bonnes raisons d’être encore féministes en 2001, et organise chaque année, le 6 décembre, une commémoration de la tuerie de l’école polytechnique de Montréal, un massacre misogyne dans lequel Marc Lépine (alias Gamil Gharbi), un homme de 25 ans, québécois d’origine algérienne, abat 14 étudiantes et en blesse 10 autres (ainsi que 4 étudiants), avant de se suicider, laissant derrière lui une lettre de suicide expliquant son geste par des motivations antiféministes. L’évènement a donné lieu à un film, dans lequel son nom n’est jamais cité, son personnage étant mentionné au générique comme « le tueur ». L’équipe de réalisation a fait ce choix afin de ne pas donner de notoriété à l’individu.

  • Dès 2004, elle s’attache à regrouper des hommes qui sont contre la prostitution féminine, et en 2011, ce mouvement prend la forme d’un réseau appelé Zéromacho.



Isabelle Alonso


Romancière et chroniqueuse radio et TV, née à Auxerre (cocorico !), Isabelle Alonso publie en 1995 son premier essai, Et encore, je m’retiens ! Propos insolents sur nos amis les hommes, qui lui vaut d’être remarquée par Philippe Bouvard, faisant d’elle une des Grosses Têtes sur RTL. Elle occupera ce poste pendant 3 ans.

Dans les années 2000, elle occupe des places de chroniqueuses dans plusieurs émissions de Ruquier, avant de se lancer dans le one-woman-show en 2010, un spectacle mis en scène par Caroline Loeb (l’interprète du tube des années 80 C'est la ouate) basé sur son essai Et encore je m’retiens !, dans lequel elle explique, selon ses propres mots, que « le féminisme est consubstantiel à la démocratie ».

Pour les plus illettrés d’entre vous, ce qu’elle veut dire c’est que démocratie = égalité des sexes, mais que comme on est en démocratie et qu’il n’y a pas égalité des sexes, alors démocratie = féminisme.


Toutes les deux sont distinguées par l’Etat pour leur engagement en faveur du féminisme : Montreynaud en 2012, au titre de Chevalière de la Légion d’Honneur ; Alonso en 2017, au titre de Chevalière de l’Ordre National du Mérite





Rebecca Amsellem

Nous pourrons parler aussi de Rebecca Amsellem (qui a des petits airs, je trouve, de Melissa Benoist, l'interprète de la série TV Supergirl, ce qui me la rend d’emblée très sympathique !), docteure en économie, fondatrice de la société de newsletters Gloria Media, soutenue par le ministère de la culture, et créatrice du site Les Glorieuses, qui propose différentes newsletters sur l’actualité d’un point de vue féministe. J’aurais aimé parler un peu plus de ces newsletters qui semblent très intéressantes, malheureusement elles sont hebdomadaires, il m’aurait fallu de nombreuses semaines d’attente pour en recevoir plusieurs et rédiger cet article.

Anecdote : elle garde un souvenir amer d’un épisode de son enfance, lorsqu’à l’école, on lui demande ce qu’elle veut faire quand elle sera grande. Sa réponse, « Présidente de la République », lui vaudra d’être punie, et ses parents seront convoqués par la directrice de son école (elle est jeune pourtant…la directrice de son école devait être une sacrée connasse !).

Elle livre, dans son essai autobiographique Les Glorieuses : Chroniques d’une féministe, l’histoire de son engagement en faveur des droits des femmes, particulièrement en ce qui concerne l’égalité salariale.




Eloïse Bouton

Et pour finir cet article, nous allons parler d’Eloïse Bouton. Journaliste indépendante (écrivant notamment dans Causette, Les Inrocks, L’Obs ou Le Parisien), militante féministe, et ancienne membre des Femen, elle a écrit un essai en 2015 racontant son expérience au sein des Femen, Confession d’une ex-Femen, suite à sa condamnation pour exhibition sexuelle.

Entre 2015 et 2018, elle lance successivement : 

  • le site Internet Madame Rap, premier média français consacré aux femmes dans le hip-hop

  • l’album Contre Coups, une compilation réunissant 12 artistes qui chantent contre les violences faites aux femmes, et dont les bénéfices sont reversés à l’Institut en Santé Génésique, une organisation sise au centre hospitalier de Poissy-Saint-Germain-en-Laye qui apporte aide et soutien aux femmes victimes de violences

  • l’essai The Queen Christine, un ouvrage consacré à Christine & The Queens

  • le documentaire Le Bruit de nos Silences (introuvable en ligne légalement, démerdez-vous !), tourné en Martinique, co-écrit avec le rappeur D’ de Kabal, et consacré à la déconstruction du masculin

  • et enfin House of Content, un site Internet dédié à l’information sur les liens entre violences, sexualité et consentement.


Il y en a beaucoup d’autres que j’aurais pu citer, aussi bien des femmes que des hommes, mais je trouve cette liste assez représentative du féminisme 2.0, lucide, instruit, actif et activiste, mais également représentative de la pluralité des féminismes, et de leur dispersion au sein de combats primordiaux mais trop nombreux et trop déconnectés les uns des autres.

La semaine prochaine, nous nous pencherons sur le féminisme radical, qui prétend vouloir l’égalité, mais qui, devant une vision biaisée de la société qu’il imagine oppressive, presque esclavagiste envers les femmes, pense et agit pour le renversement de la tendance et le pouvoir aux femmes.

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