De plus en plus souvent décriée pour ses méthodes sensationnalistes, l'émission Cash Investigation fait des émules parmi les défenseurs des indéfendables. La dernière édition s'intéresse au recyclage de nos déchets, et la rédac-chef de l'obscur magazine L'usine Nouvelle entend nous faire croire qu'Élise Lucet et son équipe ont été malhonnêtes. On va vérifier qui est la plus malhonnête des deux.
J'étais parti pour me coucher, mais l'article que j'ai lu m'a mis hors de moi.
Qu'on crache sur Cash pour ses méthodes un peu trop sensationnalistes, passe encore, y en a que ça dérange, surtout quand les sujets abordés bousculent leurs certitudes.
Personnellement, j'adore ces méthodes, parce que c'est uniquement la forme qui est sensationnaliste, pas le fond, qui lui, reste très juste.
Mais la pelletée de merde que je viens de lire, c'est quelque chose.
L'article en question est ici : https://www.usinenouvelle.com/article/les-petites-malhonnetetes-de-cash-investigation-sur-le-recyclage-des-dechets.N1159622
Et évidemment, c'est mieux si vous avez regardé l'émission de Cash avant.
Allez, c'parti !
(Vous avez vu ? La meuf s'appelle Myrtille, déjà ça part mal...)
"L’émission (...) s’ouvre sur une séquence de fiction, présentant un barbecue de l’équipe d’Elise Lucet en 2050, au milieu des déchets qui auront envahi la planète. Nombre d’innovations et d’investissements industriels en cours laissent à penser que cette vision est bien plus pessimiste que la réalité qui se profile."
D'accord. Quelles innovations, quels investissements ? On est de plus en plus nombreux, on produit de plus en plus de déchets, et on sait de moins en moins quoi en faire...mais il parait qu'il y a "nombre d'innovations et d'investissements" qui vont arranger les choses ! Nous ne saurons pas lesquels...
"La première partie de l’émission dénonce le fait que tous les emballages triés par les Français ne sont pas recyclés. Ce qui n’est ni un scoop, ni une surprise pour quiconque s’est intéressé au sujet."
Ah bah pardon, mais normalement c'est pour ça qu'on trie, hein ! Les Français s'en foutent de comment ça marche. Ça nous casse tous les couilles de trier, mais on nous a toujours dit que c'était bien pour l'écologie (dans certaines villes, ça s'est même assorti d'une obligation légale par décret municipal : si tu tries pas, tu manges une amende). Ça n'a rien de logique que des déchets qu'on TRIE finissent à la POUBELLE...on les trierait pas, sinon ! Abrutie, va.
Personne s'intéresse au sujet, on a bien autre chose à foutre.
"Cash Investigation semble découvrir l’existence de « refus de tri » dans les centres qui trient nos déchets ménagers. Ces refus, qui ont toujours existé, contiennent à la fois les erreurs de tri (matériaux et objets non destinés à être jetés dans la poubelle jaune) et les emballages autorisés dans ce flux, mais qui ne disposent pas encore de filière industrielle de recyclage."
Donc attends, là, la meuf nous fait un petit cours d'histoire...c'est bien, mais encore une fois, on s'en tape. Y a qu'un seul constat : des déchets qu'on trie (parce qu'on nous dit de les trier, on nous dit qu'ils sont recyclables !!!!!!) se révèlent être...pas recyclables. Voilà, c'est tout. Le reste, ON S'EN BRANLE !
"Les agents du tri rencontrés au cours de mes six ans de couverture du recyclage pour L’Usine Nouvelle ont régulièrement témoigné avoir trouvé dans ce flux des vélos, peintures industrielles, produits dangereux, batteries lithium-ion qui provoquent des départs de feu et autres animaux morts."
Ça apparaissait déjà un peu dans la citation précédente, mais là en gros, c'est notre faute, on fait rien qu'à mettre n'importe quoi dans les bacs jaunes. Du coup c'est à cause de nous si les pots de yaourt sont pas recyclables hein...on n'a qu'à pas mettre des vélos dans les bacs jaunes (lol).
"Une fois n'est pas coutume, je vais dire "je" dans un article. Parce qu'avant de prendre la rédaction en chef de l'Usine Nouvelle, j'ai couvert pendant près de sept ans l'industrie du recyclage et les matières premières. Parce que jamais je ne me suis vu refuser l'accès à un site Paprec, longuement étrillé dans cette émission. Parce que le climat social dépeint dans cette émission au sein de Paprec n'est pas celui que j'ai constaté lors de mes nombreux échanges avec des salariés de cette entreprise au fil des ans."
Mais meuf, on t'en a peut-être jamais refusé l'accès parce que ton magazine, tout le monde s'en tape, non ? Parce qu'il a aucun impact sur la population, contrairement à une émission en prime sur France 2, une émission extrêmement appréciée et extrêmement regardée par le public, contrairement à ta feuille de chou qui est tirée à 2 exemplaires de plus que toi par an, soit à 3 exemplaires ?
Ok, c'est méchant, je retire. N'empêche que ça reste vrai. Ton magazine, personne le lit. Cash Investigation, tout le monde le regarde.
"Sans avoir jamais demandé à visiter des usines du groupe [Paprec]"
Ok, comment tu le sais ? Ils le disent pas, dans l'émission, qu'ils ont pas essayé. Supposition merdique, garde-la pour toi, fake journaliste.
"A titre d'exemple, la première salariée de Paprec qui accueille le journaliste de Cash (...) revient d'arrêt maladie, et le commentaire de Cash ne manque pas de souligner la persistance de ses douleurs. Il se trouve que cette femme, qui a signé chez Paprec le premier CDI de toute sa vie à 48 ans, après 25 ans d'inactivité, a fait l'objet d'un article chez nos confrères du Télégramme, qui raconte une tout autre histoire."
Là c'est drôle, parce que premièrement je vois pas bien le rapport avec la choucroute, et deuxièmement, le lien renvoie vers un article...RÉSERVÉ AUX ABONNÉS !!!!! :')
Donc je résume ce paragraphe : "tu mens, Cash !". Point final.
"Cash Investigation n'a pas non plus jugé utile de mentionner que Paprec embauchait tous ses salariés à un salaire minimal composé du Smic + 150 euros (mensuels)"
WOAW !!!!! Mais c'est énorme !!!!!
"Ni qu'après des hausses du Smic de 1,2% en janvier 2020 et 0,99% en janvier 2021"
Atta, atta, on va calculer...SMIC net : 1258€. +150€, donc 1408€ nets par mois (c'est le SMIC aujourd'hui, donc ce montant inclut les +1.2% de janvier 2020 et +0.99% de janvier 2021). C'est drôle pour la suite, tu vas voir...
"...Paprec avait acté pour chacune de ces deux années, lors des NAO, des augmentations de 1,5% pour les ouvriers et employés."
MAIS C'EST ÉNORME !!!!!!!!!!!
1.5% !!! Tu te rends compte ?! Sur 1408€, ça fait AU MOINS 21€ !!! Et quelques centimes hein, mais bon...c'est énorme.
"Ni que Paprec a versé, en 2020, à ses salariés payés moins de 3 Smic une prime "héros du quotidien" pour les salariés mobilisés sur le terrain durant la pandémie, à hauteur de 750 euros (pour un temps plein, sinon proratisée au temps de présence, CDD compris), complétée par une prime exceptionnelle de 250 euros nets."
Ça y est, là je défaille. Ils ont tellement de chance, ces salariés de chez Paprec ! Pourquoi elle va pas y travailler, du coup ? Nan parce que niveau journalisme, clairement, elle est à chier, alors bon...si c'est aussi intéressant, elle devrait se recycler (notez le formidable jeu de mots).
"Autre exemple, le recours à l'intérim, dénoncé comme majoritaire et systématique chez Paprec dans Cash Investigation, ne représente en réalité que de 14% des effectifs globaux du groupe. Ce journaliste, outre la pénibilité de ce poste (comme nombre de postes d'ouvriers, faut-il le rappeler?), découvre que les intérimaires sont majoritaires sur le shift de nuit. Plus problématique, l'émission affirme que cela est illégal car il n'a jamais été fait mention devant lui de surcroît d'activité temporaire qui justifie ce recours à l'intérim. C'est ignorer que le centre voisin de GDE a brûlé peu avant, et que celui de Paprec a absorbé les flux de déchets habituellement traités par son concurrent, ajoutant pour cela un shift de nuit qui n'était pas prévu et n'a pas vocation à être pérennisé."
Voiiiiilà ! Un vrai bon travail de journaliste, dans toute sa splendeur...
Alors écoute pauvre merde, voici un petit cours. Pour commencer, les "effectifs globaux du groupe", ça représente des ouvriers, mais également des employés de bureau, des cadres, des comptables, des managers, bref, en grosse majorité des postes qu'il serait impossible de confier à des intérimaires. Donc tes 14%, tu te les fous dans le cul. Dis-nous plutôt combien l'intérim représente sur le seul pool des ouvriers non-qualifiés, là on va rigoler.
Et il faut te remercier pour le lien vers l'article de Ouest-France : il est vrai que, comme tu le dis, le centre voisin de tri des papiers et plastiques a brûlé "peu avant". Ouais. En 2018. "Peu avant", donc. Pour rappel, un employé ne peut être en intérim que 18 mois maximum, certains y sont depuis 3 ans. Et de plus, l'article de Ouest-France dit très clairement que Paprec ne va s'occuper des déchets de GDE que pendant 1 an. 2018 - 2021, ouais, à une vache près, ça fait 1 an, en effet... :')
Je continue à t'humilier, espèce de sous-merde ? Allez, ton article est pas fini !
"Enfin, seuls sont montrés les emplois d'agents au surtri. Des postes difficiles, la direction du groupe l'a toujours reconnu en les évoquant, mais qui ne représentent que 6% des effectifs totaux, dans des centres de plus en plus automatisés (tri optique et autres équipements avancés)."
Rooooh, ça vaaaaa. Si y en a que 6% et que la direction du groupe a toujours reconnu que c'était des postes difficiles, c'est pas grave alors, ils peuvent continuer à violer leurs obligations éthiques et légales sur la pénibilité du travail de leurs employés...
"Cette modernisation des centres de tri est due notamment à l’extension, ou simplification, des consignes de tri, qui permet désormais de mettre tous ses emballages alimentaires et ménagers dans la poubelle jaune. Un choix critiqué par Cash Investigation, parce qu'il a augmenté mécaniquement le taux de refus, c’est-à-dire la part de déchets triés mais non recyclés."
Bah...oui. Du coup. Les infrastructures sont pas là, mais on nous dit de tout trier...c'est super con, parce que du coup, nous ça nous emmerde encore plus, et c'est pas plus utile vu qu'au final, le surplus qu'on trie va finir cramer ou enfoui, comme nos déchets ménagers.
"Mais on ne peut pas, comme le fait le micro-trottoir de Cash Investigation, dénoncer à la fois la complexité du tri, avec cette passante qui « ne sait jamais dans quelle poubelle mettre ses emballages » (ce qui est incontestable dans les communes qui ne sont pas passées à l’extension des consignes de tri) et dénoncer l’arrivée dans les centres de tri d'un surcroît d’emballages non recyclables. Cette extension [des consignes de tri] vise justement à massifier les déchets collectés et triés pour permettre le développement de filières de recyclage."
Oula, alors attends...
Pour commencer, bien sûr que si on peut dénoncer la complexité du tri, consignes étendues ou pas : en 20 ans, ça a changé 15 fois ! C'est différent selon les régions, selon les villes même, on te dit que tel emballage se trie alors que dessus y a marqué qu'il se jette et inversement...personne peut s'y retrouver.
Et ensuite, je comprends bien sa dernière phrase hein ? Elle ose sortir qu'il faut tout mettre dans les poubelles jaunes pour que les infrastructures apparaissent ??? :')
Non, là c'est moi qui suis de mauvaise foi, je fais exprès de pas comprendre...ou pas ?
"Cash affirme que les films plastiques (du polyéthylène, ou PEbd) ne seraient pas recyclés. C'est faux, j'ai moi-même visité ou écrit sur des sites de recyclage de ces films (ici chez Suez, là chez XL Recycling). Et du PE recyclé est bien intégré, désormais, dans certains suremballages."
Bon, j'ai fait une recherche Google et j'ai lu environ 1min30, ce qui me permet d'éviter de dire de la merde, contrairement à elle qui a soi-disant bossé des années dans le recyclage. Le PEBD, c'est le polyéthylène basse densité, une sorte de polyéthylène beaucoup moins résistant que les autres polyéthylènes, et qui, de par le fait, était très peu utilisé dans l'industrie alimentaire. Par contre, contrairement aux autres, lui il est recyclable.
En revanche, elle (et le twittos, aussi con qu'elle) laisse sous-entendre que, sous prétexte qu'il y a du PEBD recyclé intégré à certains emballages, ces emballages seraient recyclables.
Y a rien de plus faux ! D'ailleurs, si l'emballage de ce pack d'eau était constitué à 100% de PEBD (donc recyclable), vous pourriez pas le soulever par la poignée, le plastique craquerait instantanément.
Constitué de matières recyclées, ne veut absolument pas dire recyclable. C'est surprenant qu'une journaliste, de surcroît ayant travaillé longtemps dans le domaine, fasse une telle erreur...
Nan, j'déconne, elle est juste super conne en fait. Ou alors elle est payée, ce qui est bien plus probable.
Blablabla, ON S'EN FOUT ! C'est une réalité, point.
Ah non non meuf, c'est toi qu'a rien compris.
Le problème que soulève Cash, c'est pas que certains emballages ne soient pas recyclables. Ça c'est pas grave.
Le problème soulevé, c'est qu'on nous mente en nous disant que ces emballages sont recyclables alors que c'est faux, et que les entreprises de recyclage nous obligent, via les collectivités locales, à trier, nous, consommateurs, ces emballages qu'elles ne sont pourtant pas en mesure de recycler, tout en communiquant sur l'efficacité de leur travail et la nécessité que nous continuions à tout trier.
C'est sacrément différent. Ce que dit Cash, c'est "arrêtez de nous demander de trier si vous êtes pas foutus de recycler ce qu'on trie, bande de débiles finis à la pisse !"
Peut-être parce qu'on s'en fout ?
Tant que ces "avancées notables" ne seront pas généralisées à l'ensemble des emballages qui posent encore problème et à l'ensemble des centres de tri, bah on s'en bat les couilles, parce qu'en attendant, rien ne change. Le premier accélérateur à particules date des années 30, mais on utilise toujours des moteurs à explosion dans nos fusées, alors on (le grand public) s'en tape des avancées technologiques dans les collisionneurs.
Si toi la filière du recyclage t'intéresse, c'est ton problème. Nous on s'en fout.
Voilà ! Perte de crédibilité maximale. Là encore, quelques instants de recherche Google m'ont permis de découvrir que l'UE interdisait d'incorporer dans ses chiffres du recyclage, l'utilisation du mâchefer...et cette connasse essaye de nous faire croire que quand la plus grande entreprise française le fait, c'est juste une "communication maladroite"...pitoyable.
Des bilans sûrement très fiables, oui...de toute façon personne va aller vérifier. Mais le Syctom, qui traite les déchets franciliens, annonce 31% de recyclage globale en Île-de-France, alors qu'en réalité, si on compte pas le mâchefer, ils en sont à 16% et des poussières...à magouilleur, magouilleur et demi. Les chiffres de Citeo sont sûrement aussi gonflés artificiellement.
Wouw ! C'est cool. C'est énorme.
Par rapport aux 34 milliard de tonnes de CO2 émises dans le monde en 2020, c'est super !
Hey, venez, on lui dit, que le CO2 a une infime influence sur le réchauffement climatique, ou pas ?
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