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LCI et les boissons énergisantes.


 LCI vient de publier un article sur les boissons énergisantes. Comme ça, sorti de nulle part. Et vous me connaissez, non seulement Monster c'est la vie, mais en plus j'aime pas les fils de pute qui bavent sur un truc parce que c'est à la mode de baver dessus. Décryptage de cette bouse donc.


Si le titre de l'article ne vous a pas fait mourir de rire et que vous êtes encore en état de lire à peu près correctement, je vous mets le lien de l'article en question.

https://www.lci.fr/sante/video-voici-ce-qui-se-passe-dans-votre-corps-quand-vous-buvez-une-boisson-energisante-2188264.html


Alors, allons-y.

Déjà, dans l'intro ça cause différences entre boissons énergisantes et boissons énergétiques. En général, quand ça part comme ça, tu sais que ça sent la merde. Mais on va quand même prendre la peine de tout démonter.

Difficile pour le consommateur lambda de faire la différence.
Non. Juste, non.

Les boissons énergisantes sont dans le même rayon que les sodas. Généralement même juste à côté du Coca. C'est plus que largement suffisant pour savoir que C'EST des sodas, même pour les plus abrutis des acheteurs. Alors que les boissons énergétiques se trouvent plutôt du côté des compléments alimentaires destinés aux sportifs.


À l'intérieur, on y trouve jusqu'à neuf morceaux de sucre et l'équivalent de deux expressos.
Alors, oui pour la quantité de caféine, mais pas forcément pour le sucre.

Étant des sodas, les boissons énergisantes sont tout aussi sucrées que leurs cousins...pour les versions contenant du sucre !
Parce que, tout comme les sodas, il existe aussi des versions sans sucre. Sans parler du fait qu'il faut aussi prendre en compte la quantité de boissons, elles sont vendues en plusieurs formats...comme les sodas en fait. 
Le procédé de cette phrase est éminemment arnaqueur et racoleur : le cerveau va retenir uniquement "neuf morceaux de sucre". Le "jusqu'à" passe à la trappe. 
Vous avez, c'est comme dans les spots TV pour des voitures, avec le "à partir de" en police 8, suivi d'un prix relativement attrayant écrit en police 72 et en gras. 
Les versions sans sucre contiennent des édulcorants. C'est ni mieux ni pire que le sucre, mais c'est utile de le noter.



De quoi donner un gros coup de fouet face à n'importe quel effort physique... Enfin, c'est ce que l'on croit.
NON.
Personne ne croit ça. Ça a été dit et répété pendant des années, et les marques de boissons énergisantes ne communiquent JAMAIS en ce sens : les boissons énergisantes ne sont pas indiquées dans le cadre d'un effort physique.
Si le journaliste croit ça, ça n'engage que lui, et ça veut dire que c'est un abruti fini à la pisse.


Christophe Besnard, champion de France de judo est catégorique
Le fameux argument d'autorité.
Un processus trompeur qui consiste à faire appel à quelqu'un qui, aux yeux du public, représente une forme d'autorité supérieure sur le sujet. En l'occurrence, un sportif, et pas n'importe quel sportif : le champion de France de judo !
Saut que t'es pas médecin, coco. Le titre de l'article, c'est : "Ce qui se passe dans votre corps quand vous en buvez". On s'attend donc naturellement à des explications factuelles, médicales et scientifiques...et on commence par un témoignage totalement subjectif d'un mec qui y connait que dalle. Bien joué, baltringue.


"On va avoir un taux de sucre avec un fort pic. Juste après, le corps va venir réguler, donc on a une descente très forte du taux de sucre dans le sang, c'est ce qu'on appelle une hypoglycémie réactionnelle."
Et voilà.
Là, on a un autre argument d'autorité, avec cette fois une coach et nutritionniste du sport. 
Est-ce qu'elle en sait plus que l'autre tas de muscle sans cervelle ? Assurément. 
Est-ce qu'elle est médecin ? Pas du tout. 
Classique. 
Alors, un petit cours sur ce qu'elle appelle "hypoglycémie réactionnelle".
Premièrement, les médecins l'appellent "pseudo-hypoglycémie", elle est très controversée au sein de la communauté médicale, et ses causes restent à l'heure actuelle assez peu claires, certains avançant un stress intense. 
Deuxièmement, elle est extrêmement rare et touche principalement les personnes non-diabétiques et intolérantes au glucose.
Et troisièmement, pour la catégoriser en tant que telle, il faut réunir les 3 symptômes suivants en n'étant ni diabétique, ni intolérant au glucose : 
  • être pris de symptômes neurologiques durant les crises (tremblements, vertiges, nausées, notamment)
  • avoir un taux de glucose dans le sang inférieur à 2.8mmol/litre de sang au moment des crises
  • les crises cessent immédiatement avec la prise d'un aliment sucré
Sources : 




"Il faut savoir que cette descente peut avoir lieu dans les minutes qui suivent l'ingestion".
Eeeeet...non.
Cf les sources plus haut. Il faut entre 3 et 5h avant que ça n'arrive. Et si c'est pas le cas, c'est qu'il y a un problème de santé sous-jacent, comme une intolérance en glucose. 
Là où elle a raison, c'est que les sodas sucrés (et, de manière générale, tous les aliments qui sont à la fois très sucrés et très peu consistants, donc assimilables très rapidement par l'organisme) provoquent un pic de glycémie très rapide : dans les 30 à 60 minutes qui suivent l'ingestion, t'as un coup de fouet, surtout si t'es à jeun ou en dehors des repas. Face à l'arrivée massive et soudaine de sucre dans le sang, l'organisme va faite péter les réserves d'insuline pour absorber tout ça...sauf que l'organisme est une petite pucelle qui flippe, du coup, la quantité d'insuline qu'il envoie, c'est comme si tu sortais le fusil de chasse pour dégommer trois moustiques tu vois. Ça marche, mais c'est un peu excessif. 
L'insuline va donc s'occuper d'une quantité de sucre supérieure à celle qui vient d'être ingérée, ce qui va faire baisser la glycémie en-dessous de son niveau normal, et c'est ça qui va provoquer un coup de barre, la fameuse "descente". 
Sauf que ça prend plusieurs heures, tout ça. Et absolument pas quelques minutes...



Quant aux boissons énergisantes, les professionnels conseillent de ne pas en consommer plus de deux petites cannettes par jour, soit 50 cl maximum. Sinon, "vous pouvez être sujet à des palpitations avec une nervosité, des tremblements, une angoisse, une anxiété, des maux de tête, on peut le voir très fréquemment", prévient Milo-Daniel Drici, professeur de pharmacologie clinique.
Encore un argument d'autorité.
Alors que..."professeur de pharmacologie clinique", ouais, c'est un pharmacien quoi. Donc PAS un médecin, encore une fois.
"On peut le voir très fréquemment", non. Juste, non. Parce que si c'était le cas, ça voudrait dire que le problème vient véritablement des boissons en elles-mêmes.
En réalité, votre serviteur a pu trouver des chiffres. 
Une étude canadienne en ligne menée via un questionnaire sur 2055 personnes sélectionnées, divisées en 2 groupes (12-17 ans pour l'un, 18-24 ans pour l'autre), a fait ressortir que 1516 d'entre eux avaient déjà consommé au moins une fois des boissons énergisantes.
Sur ce nombre, 55.4% (soit environ 800 personnes) ont déclaré avoir déjà ressenti au moins une des pathologies indiquées dans le questionnaire (l'article ne cite aucun chiffre concernant le nombre de pathologies ressenties en moyenne, juste "au moins une "). 
L'article indique que toutes les pathologies proposées relèvent des effets indésirables de la caféine, mais que les résultats chez les buveurs de boissons énergisantes sont bien supérieurs à ce qu'on a pu observer chez les buveurs de café de manière générale. 
Bien entendu, l'article ne dit absolument pas que les jeunes de 12 à 17 ans consomment énormément de boissons énergisantes, mais absolument pas du tout de café...ni que leur âge les rend bien plus réceptif à ces éventuels effets indésirables, que des adultes qui boivent du café même de manière excessive...
Étude en carton, donc.
À sa décharge, cette étude avait surtout pour objectif de légitimer l'interdiction de commercialisation des boissons énergisantes à destination des mineurs, un sujet qui a été pas mal abordé chez nos cousins d'Amérique du Nord, et qu'on ferait bien d'aborder chez nous aussi...)

Niveau France, à date de janvier 2018, un peu plus de 200 cas d'effets indésirables suspectés d'avoir été provoqués par la consommation de boissons énergisantes, avaient été signalés à l'ANSES. 
Sur la totalité de ces cas, 12% seulement ont été signalés comme potentiellement imputables à la consommation de boissons énergisantes, sans qu'aucune précision ne soit apportée concernant les facteurs de risques (diabètes, intolérance à l'une ou l'autre substance, hypersensibilité à la caféine, mode/quantité journalière de consommation, etc.) des victimes de ces effets indésirables. 



Les boissons énergisantes sont avant tout des SODAS, une information qui se suffit à elle-même : une consommation modérée et raisonnable est indispensable, et n'aura alors aucun impact sur la santé d'une personne sans pathologie sous-jacente ou facteur de risque. Et c'est bien sûr à éviter, voire à proscrire, chez certaines personnes (enfants et adolescents, femmes enceintes et allaitantes, personnes âgées, antécédents de problèmes cardiaques, rénaux, diabétiques, etc.). Tout ça, c'est déjà des questions de bon sens qui sont sans cesse rebattues (ce qui est paradoxal, déjà : quand c'est du bon sens, y a pas besoin de le dire, normalement, mais bon...bienvenue au 21ème siècle hein). 

Mais si on rajoute à ça le fait qu'elles contiennent de la caféine...dans des doses proportionnellement très, très inférieures à ce qu'on peut trouver dans le café. La différence, c'est que quand tu commandes un café dans un bar, on te sert l'équivalent du contenu d'une seringue, en terme de quantité. Alors que les boissons énergisantes, c'est 25 ou 50cl. 

Ce n'est pas l'aliment en lui-même qui pose problème, comme pour énormément de choses en ce bas monde. C'est la manière dont il est consommé. 
Alors par pitié, éduquez vos gosses, apprenez-leur la vie, et explosez-leur la gueule à coups de démonte-pneus s'ils consomment des boissons énergisantes, de l'alcool ou du tabac avant l'âge de 18 ans. 
Ah, et pensez à écrire à LCI en masse pour leur signifier le degré de baltringuitude de leurs pseudo-journaleux à deux balles. N'importe quel tocard derrière un pc peut faire mieux qu'eux.

Commentaires

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