Retour sur l'affaire Mila.

"Retour sur", c'est marrant comme expression. 

On a tous entendu parler de l'affaire Mila, mais on sait pas tous forcément de quoi il retourne exactement. Pour résumer, c'est l'histoire d'une gamine qui se fait e-défoncer parce qu'elle a tenu des propos racistes.Mais la réalité, bien que peu éloignée de ça, est quand même vachement plus complexe. 

Petite mise en contexte, pour commencer.

Mila est une lycéenne lambda, qui a quand même sa petite notoriété par chez elle, c'est une sorte d'influenceuse au niveau local. 
Elle est mignonne, elle est populaire, elle est beaucoup suivie sur les réseaux, elle est lesbienne. 

Les prémisses de cette fameuse vidéo ne sont pas très claires, il y a deux versions. Mais il est nécessaire d'en parler, parce que les médias oublient trop souvent que la vidéo qui a tant fait débattre a une cause, une cause importante qu'il est absolument indispensable de connaitre, tant les propos tenus à l'encontre de Mila avant cette vidéo sont mille fois plus illégaux et immoraux que ceux qu'elle-même tient dans cette vidéo.

Version 1.
Un jour, durant une de ses séances sur les réseaux, Mila a évoqué son orientation sexuelle, et a ajouté que "les rebeu" et "les renoi", c'était pas son style. 
On peut s'insurger contre les termes employés, mais c'est ainsi que les jeunes de son âge parlent aujourd'hui, même les concernés utilisent ces termes, et personne ne s'en offusque jamais dans les cours d'école ou sur les réseaux...

Version 2.
Elle a repoussé les avances virtuelles, un peu insistantes et particulièrement vulgaires et salaces, d'un garçon (sûrement de son lycée), musulman.

Ces 2 versions ne s'excluent pas l'une l'autre, et sont sans doute toutes les deux vraies, il est de toute façon évident qu'une jeune fille aussi exposée et mignonne reçoit sans cesse des propositions sexuelles particulièrement régulières, insistantes et crues.

Dans tous les cas, les réactions ne se sont pas faites attendre. Elle a reçu des tonnes et des tonnes d'insultes racistes : "sale française de merde", sexistes : "sale pute", et homophobes : "va crever sale gouine". 

S'en est suivie cette vidéo, une story Instagram dans laquelle elle critique l'Islam de manière virulente et vulgaire : 

‘‘Je déteste la religion. 

Le Coran est une religion de haine, y a que de la haine là-dedans.

L'Islam, c'est de la merde, votre religion, c'est de la merde, votre dieu, je lui mets un doigt dans le cul, merci au revoir.’’

Cette vidéo fait rapidement le tour du web, relayé par tous les gamins de son âge, musulmans ou non, qui s'imaginent comprendre quoi que ce soit à la question de la religion.

Elle reçoit alors des menaces de mort, des insultes de toutes sortes, sexistes, racistes, homophobes surtout.
Des internautes rendent publiques son nom, son adresse, le nom de son lycée.

‘‘J'étais pas en sécurité dans mon établissement. Vu les menaces des personnes de mon lycée, si j'y retournais, j'aurais pu être brûlée à l'acide. J'aurais pu me faire frapper, j'ai été menacée d'être déshabillée en public, d'être même enterrée vivante.’’

Voilà pour le contexte.


Maintenant, deux question se posent.
D'abord, celle de la loi.
Ensuite, celle de la morale.

La première n'est pas une question d'opinion. La loi existe, elle est claire, elle est objective, t'as pas à discuter, la loi dit et toi tu fermes ta gueule. 

La deuxième, en revanche...
Chacun son opinion sur le sujet.
La mienne est que si tous les petits arabes de son lycée veulent la buter parce qu'elle a critiqué une religion avec laquelle eux-mêmes se torchent allègrement le cul au quotidien, c'est que c'est peut-être eux qu'il faudrait "déshabiller en public", "brûler à l'acide" et "enterrer vivants". 
Parce que j'estime que quand on est aussi con, on n'a pas le droit de vivre.
Mais ça n'engage que moi.

Légalement, c'est autre chose.
Il est intéressant de remarquer que, aussi bien dans les CAUSES que dans les CONSÉQUENCES de la vidéo de Mila, les intervenants contreviennent allègrement à la loi, en proférant des insultes racistes, sexistes et homophobes, ainsi que des menaces de mort, et en appelant à la haine.
Alors qu'en revanche, rien, dans la vidéo de Mila, ne viole une quelconque loi. 

Que ça vous choque, que ça vous déplaise, que vous réprouviez ce genre de propos (que ce soit sur le fond et/ou sur la forme), c'est votre droit le plus entier.
Mais la loi est claire : le droit au blasphème autorise Mila à tenir les propos qu'elle a tenus dans cette vidéo. 
Donc vos gueules, en fait. 
Faites vos pucelles avec votre famille autour du gigot-flageolets dominical si ça vous chante, mais légalement, Mila n'a rien à se reprocher, et c'est la seule et unique chose qui devrait avoir une importance. 

D'autant plus que, au vu des raisons qui ont déclenché chez elle l'envie de poster cette vidéo, tout le monde devrait lui donner raison. 
À ce que je sache, il n'y a pas eu de polémique lors de #metoo.
Il n'y en a pas eu non plus lorsque, en juillet 2012, Sofie Peeters a projeté son projet de fin d'études, un documentaire nommé "Femme de la rue", qui dénonce les violences sexistes verbales que les femmes subissent en permanence dès qu'elles ont le malheur d'être un peu trop jolies et/ou trop peu habillées au goût de certains (documentaire qui a beaucoup fait parler en Belgique, mais qui est passé assez inaperçu par chez nous, je vous le recommande cependant). 

Tout le monde était d'accord, et personne n'a dit "elles auraient pas dû" et gnagnagna.

Mila ne fait que dénoncer le comportement sexiste, raciste et homophobe (les trois en même temps hein, c'est pas l'un ou l'autre selon les personnes) d'une certaine partie de la population qu'elle fréquente, comportement dont les auteurs se réclament de l'Islam. Point.
On s'en branle de savoir s'ils sont réellement musulmans, à quel point ils respectent leurs croyances et leur religion, à quel point ils pratiquent, à quel point ils sont des "bons musulmans". 
Le fait est qu'ils se réclament de l'Islam.

C'est une réalité sociale factuelle, y a pas de débat à avoir. 
Ses propos leur plaisent pas ? 
Tant pis pour eux. Ils ont le droit de le lui faire savoir, bien sûr. Personne ne remet ça en question.
Mais tant que ça reste légal.

Et là, ça l'est pas. 
La place de tous ces petits déchets de l'humanité est en taule, et la place de Mila est dans son lycée, sans être inquiétée. 

Une enquête est soi-disant en cours pour retrouver les auteurs des propos incriminés.
Lol ?
Il suffit de perquisitionner chez tous les gens de son établissement et de chopper les pc et les smartphones des merdeux, et tu les auras les auteurs. C'est pas compliqué. 


C'est quand même rassurant de savoir qu'en France, on a le droit de commettre des choses illégales à condition que ce soit au nom de la religion ! :')
(Enfin...D'UNE religion, en particulier hein. Parce que si tu dis "au nom de Jésus notre Sauveur, je vais te foutre des clous dans la chatte, espèce de sale gouine athée", tu peux être certain que tu vas direct en taule !)