Réflexions autour du téléchargement illégal.

Le téléchargement illégal, on a pu lire dessus tout et son contraire depuis des années. Diabolique et nocif pour certains, sans conséquences pour d'autres, il est la plupart du temps accusé de tuer la création, en empêchant la rémunération de tous les acteurs de la création culturelle. Depuis quelque temps, son impact négatif est démontré comme étant quasiment inexistant, par des études très sérieuses.
Petites discussions autour du téléchargement illégal.

Personnellement, quand j'ai envie de regarder un film ou une série, la première chose qui me vient à l'esprit aussitôt, c'est : télécharger. 

Gratuitement bien sûr, donc illégalement. J'aurais pu dire streaming, mais mon pc grabate. 
Du verbe grabater. 

Du coup, no streaming. Ce qui n'est pas plus mal, parce que le streaming, en général, c'est une qualité de chiottes.

Bref.


Le téléchargement illégal, c'est mââââââl.
Pourquoi ?
Parce que c'est illégal. Suivez, quoi.

Je ne vais pas lister tous les avantages du téléchargement illégal par rapport au DVD acheté à la Fnac du coin (et ils sont innombrables, surtout par rapport au nombre d'inconvénients, égal à...zéro), je l'ai déjà fait ailleurs.


Mais je suis tombé sur un article intéressant, sur un blog (je vous mets le lien, parce que j'ai trouvé le truc bien sympa), qui parle de l'offre française de téléchargement légal sur Internet. 



La blogueuse Klaire, soudain prise d'un élan de légalite aigüe, a décidé de tester les 20 sites de téléchargement légal qui ont obtenu le label PUR. Ne me demandez pas ce que ça veut dire, j'en sais foutre rien. Mais en gros, ça signifie que l'HADOPI approuve ces sites.

On est d'accord qu'à priori, théoriquement, sur le papier, logiquement, normalement (et là désolé, mais j'ai plus de synonymes), c'est quand même un gage de qualité et de sérieux, pas vrai ? J'veux dire, un truc testé et approuvé par le gouvernement quand même, merde.

Sauf que sur les 20 sites, 3 n'ont rien à foutre dans cette liste puisque ce sont des sites de financement participatif (crowdfunding), et pas du tout de téléchargement.


Quant aux autres, il n'y en a quasiment aucun qui fonctionne correctement. Entre problèmes de téléchargement divers, soucis de compatibilité (la d'moizelle utilise un Mac, et non un pc), ou tout simplement catalogues aberrant de nullité ou carrément de vacuité, elle est belle, l'offre légale.

EDIT : le blog du label PUR a répondu à la blogueuse Klaire. Allez voir la réponse, c'est magnifique, c'est grandiose, c'est complètement à côté de la plaque, c'est --> ici.




Il y a quelques années, je lisais une étude fascinante concernant les chiffres du téléchargement illégal.

Je n'ai pas appris grand chose que je ne soupçonnais déjà fortement. Des choses dictées par le bon sens, issue de ma propre expérience.
Avant d'entrer dans les détails, voici ce qui ressort de cette étude : NON ! Le téléchargement illégal ne fait pas perdre d'argent aux auteurs, créateurs, artistes, etc.
Et c'est prouvé, chiffres à l'appui.

Par exemple, le cinéma ne s'est jamais aussi bien porté, et depuis le début des années 2000, la fréquentation des salles obscures est en constante augmentation.

Le volume des ventes de CD de musique a globalement baissé, lui aussi depuis le début des années 2000. Très précisément depuis l'année où...oh ben tiens, l'année où iTunes, la plate-forme de téléchargement légal proposée par Apple, et qui marche du tonnerre depuis sa création, a vu le jour ! Comme c'est étrange !
Il a également baissé du fait de l'augmentation soudaine des prix des CD, elle aussi survenue au début des années 2000.


En outre, il ressort de cette étude que la plupart des téléchargeurs illégaux téléchargent pour un usage strictement personnel, et non pour faire du profit. Mais surtout, ils n'achèteraient pas ce qu'ils téléchargent. Parce que c'est trop cher, principalement, mais aussi parce qu'un disque rangé dans une boite en plastique, c'est moins pratique qu'un fichier sur le disque dur de l'ordinateur, et disponible en un clic.

Et dernier point important : beaucoup des téléchargeurs illégaux qui téléchargent des séries pour les visionner en vo ou vost avant leur diffusion à la TV française et/ou leur sortie en DVD, ont, par la suite, acheté les DVD des séries qu'ils avaient téléchargées. 

Le téléchargement leur a permis de découvrir une série qu'ils ne connaissaient pas, qui leur a plu, et qu'ils ont donc décidé d'acheter. Sans cette découverte préalable, beaucoup d'entre eux n'auraient jamais acheté les DVD.



Je ne sais plus où j'ai vu cette étude, peut-être sur un billet de l'excellent site de Korben.

Quoi qu'il en soit, le téléchargement illégal ne tue pas la création, il lui file même un fameux coup de pouce. Surtout, en France, pour les séries US et les choses qui ont du mal à arriver, comme les dessins animés japonais.
Sans parler des puristes, qui ont envie de visionner leurs programmes en version originale sous-titrée. Même si c'est devenu possible aujourd'hui à la télévision, c'est une pratique qui reste trop occasionnelle car trop contraignante, trop aléatoire, et surtout, les sous-titres sont souvent de bien mauvaise qualité. 

Un autre point, d'ailleurs, qui donne du crédit au téléchargement illégal de vidéos étrangères en versions sous-titrées en français : le fansub, comme on appelle ça, est souvent bien mieux fait que les sous-titres réalisés par les éditeurs de DVD. On trouve également énormément de fastsub, opération qui consiste à enregistrer le programme tel que diffusé sur sa chaine d'origine, puis à la sous-titrer en un temps record (souvent une heure ou deux, à peine) pour pouvoir le proposer au plus vite au téléchargement. 

Je me rappelle les débuts du dessin animé japonais Naruto. Environ une demi-heure après sa première diffusion sur le réseau nippon, chaque épisode était disponible au téléchargement, en version originale fansubbée (sous-titré par des fans) française. 



Ce qui est certain, c'est que le téléchargement illégal a encore de beaux jours devant lui. Le principe même du fonctionnement d'Internet fait qu'il est totalement impossible de l'empêcher. 
Et tous les acteurs du marché de la culture n'ont, depuis les débuts du téléchargement (et même bien avant, à l'époque du copiage de cassettes vidéo), eu comme seul cheval de bataille que la répression. 

C'était tout à fait acceptable et normal il y a 20 ans.
Aujourd'hui, avec tout ce qu'il est possible de faire, il est inadmissible qu'on soit obligé de télécharger illégalement si on veut avoir accès à certaines choses (surtout la vidéo). L'offre légale est inexistante, si l'on excepte les services de vidéo à la demande proposés par les fournisseurs d'accès à Internet. Et encore, ces services ne permettent même pas d'acheter quoi que ce soit, ce n'est que de la location pour une durée et/ou un nombre de visionnages très (trop ?) limité. 

Musicalement, il y a de quoi faire, entre iTunes, qui permet d'acheter des fichiers numérisés de musiques, et Deezer, qui permet une écoute illimitée moyennant un abonnement mensuel très abordable.

Mais au niveau de la vidéo, ça peine à arriver. La faute aux ayants-droits, trop gourmands, qui n'ont pas pour volonté de proposer ce genre de services, trop coûteux à mettre en place et à maintenir, mais dont le seul but est de sanctionner. 
Quand on sait qu'un américain s'est vu condamné à environ 600.000 dollars de dommages et intérêts, pour avoir téléchargé UN SEUL film, on comprend tout de suite où est l'intérêt des ayants-droits...



Du coup, je ne suis pas prêt de m'arrêter de télécharger. Certes, je pourrais aussi engraisser les revendeurs d'occasion tels que les Cash Converters et autres Cash Express, mais leurs catalogues sont totalement aléatoires.

Vive le téléchargement illégal, donc !