Accéder au contenu principal

Mon ado et moi : le petit guide anticrise.

C'est le titre d'un petit livret édité par le magazine Psychologies, magazine que je respecte par ailleurs beaucoup en règle générale, il m'arrive même d'en feuilleter un numéro avec intérêt, quand j'en trouve un.
Mais lorsque j'ai lu ce livret, j'ai été effaré, et j'espère, de tout mon coeur et de toute mon âme, que ce livret tombera dans le moins de mains possible.
Explications.





L'adolescence est une période très particulière de la vie. Dans sa propre vie d'abord, mais aussi dans celles des gens qui nous entourent, à commencer par nos parents.
On dit souvent que la croissance physique est un élément très important pour un très jeune enfant, car un être humain atteint la moitié de sa taille d'adulte durant les cinq premières années de sa vie.
Eh bien l'adolescence, c'est un peu dans ce genre-là. C'est une zone charnière : le corps change très vite, le mental encore plus ; on découvre des sentiments, des émotions, des sensations jusqu'ici inconnus ; on fait connaissance avec la pire version qui soit de la vie sociale.
Bref, on se met à avoir des poils partout, une grosse bite et des nichons, on tombe amoureux 10 fois par jour, on a envie de sauter sur tout ce qui arbore de près ou de loin les attributs du sexe opposé au sien, et on se rend compte que les gens sont tous des connards.
Ouais, être ado, c'est dur. Et élever un ado, c'est encore plus dur.

Du moins est-ce ce que tente de nous faire croire la société, pour des raisons qui me sont totalement obscures et incompréhensibles. Et le petit fascicule dont je vais discuter sur lequel je vais cracher illustre parfaitement cette farouche volonté de la société de marginaliser les ados, et accumule, dans ses pages, des énormités et des non-sens qui se veulent des conseils pour bien éduquer son ado, mais qui sont absolument effrayants, terrifiants même.
Le guide est construit sur diverses thématiques, je vais donc les détailler une par une, en mettant de côté celles qui ne disent pas n'importe quoi pour les garder pour la fin.
C'est parti !



1. "Mon ado devient adulte". 


Oui c'est un peu le principe de l'adolescence, en fait. Mais passons sur cette navrante lapalissade.

"La puberté réveille l'oedipe. L'enfant a renoncé à se marier avec son père ou sa mère, mais de nouveaux fantasmes surgissent, plus crus. Le seul moyen pour les juguler consiste à s'éloigner du corps de son parent."



Explique un psy pour justifier le rejet soudain de l'ado pour les câlins maternels et/ou paternels.
Quand j'ai lu ça, j'ai direct refermé le livret en éclatant de rire, à la fois amusé et navré de voir un psy oser dire ce genre de conneries. Franchement...c'est pas parce que lui il voulait baiser sa mère quand il avait 12 ans qu'on a tous voulu faire pareil hein. Perso, ma mère est moche, et je ne suis pas du tout porté sur les cougars. Donc je vois pas bien pourquoi j'aurais eu envie de la troncher, à un âge où on découvre le plaisir sexuel, et où la seule chose dont on ait envie, c'est de tremper sa queue entre les cuisses de la plus belle fille de sa classe, pour la seule et unique raison...qu'elle est belle.
Et vous ? Vous avez déjà eu envie de vous envoyer en l'air avec votre père ou votre mère ?
Là où ce psy a raison, par contre, c'est quand il dit que "l'âge moyen de la puberté a beaucoup diminué, et fait entrer en adolescence des enfants moins aptes, peut-être, à assumer ces bouleversements".
On notera le "peut-être", qui dénote un effort du psy pour avancer une éventualité qu'il ne partage possiblement pas.
C'est sûr, y a 40 ans, fallait attendre 14 ou 15 ans pour commencer à avoir des embryons de nichons. Aujourd'hui, des merdeuses de 12 ans sont carossées comme des actrices porno. Donc euh...allez, tous ensemble : lol ?




2. "Mon ado a grossi". 


Trop de chips et pas assez de footing ça.

Non, je déconne.

"Certains parents vivent le surpoids de leur enfant comme une blessure narcissique".




HAHAHA !!!
Pour ceux qui comprendraient pas, ça veut dire "mon dieu...regarde comme il a grossi...quelle honte d'avoir ça dans la famille...".
C'est vraiment un psy qui a osé pondre une telle merde ?
Allez, autre perle : "l'adolescent qui grandit a des besoins énergétiques énormes et dévore des aliments souvent gras, sucrés. Laissez-le donc manger en paix !"
Baaah oui enfin ! Bande de parents indignes va ! Il vient de s'enfiler 2 Yop et 3 paquets de BN, après avoir avalé un paquet de chips (format familial, quand même) et une bouteille de Coca ? Et alors ? Laissez-le donc manger en paix !
Je crois qu'il est inutile que je commente, pas vrai...?




3. "Mon ado ne se lave pas". 


Gros crade va, t'as pas honte ?

"Les ados qui n'aiment pas se laver ont sans doute été maternés trop longtemps par leur mère, qui ne leur a pas appris à se nettoyer seul. Mais le jour où les premiers poils apparaissent, c'est la panique ! Elle les abandonne d'un coup à leur triste douche".



Ce gars est-il vraiment un pédopsychiatre ? La mère qui abandonne ses enfants à l'apparition des premiers poils...faut-il rire ou pleurer ? Ce sont les enfants qui se mettent eux-mêmes à l'écart et qui se cachent même de leurs parents, lorsque les poils apparaissent. Et sûrement pas leur mère qui les abandonne.
Et en plus, euh...j'ignorais qu'il fallait apprendre comment se laver. Y a un mode d'emploi ? Une formation Pôle-Emploi ? Des cours ? Vite, faut que j'aille passer mon Bac D (comme Douche), j'ai pas appris donc je sais pas me laver !!!



4. "Mon ado veut se faire tatouer". 



Allons bon.


"Les adolescents tentent de maitriser un corps qui se transforme à leur insu. En marquant leur peau, héritage familial, ils affirment leur différence, mais aussi leur identité."




Personnellement, ado, j'ai jamais tenté de "maitriser" mon corps. Si l'on excepte les rares tentatives minables d'ordonner à ma kékétte de se tenir tranquille dès qu'une jolie fille passait par là.
Sinon, ce pseudo-psy dit aussi que marquer sa peau, c'est affirmer son identité et sa différence.
Vouloir se faire tatouer revient donc à vouloir se différencier des autres. Par conséquent, ce n'est pas un désir propre, mais exprimé par rapport à autrui.
C'est pas les psys, justement, qui disent en général qu'il faut oser être soi-même et ne pas agir en fonction des autres ? Hum...




5. "Mon ado a du mal à se lever". 



Essaye AC/DC ou Nirvana.


"En grandissant, les enfants aiment veiller tard pour écouter de la musique, discuter avec leurs copains sur Internet, visionner des séries...".




La phrase d'entrée sous-entend, selon ce que l'auteur entend par "veiller tard", que laisser ses enfants sans surveillance devant Internet n'est pas un problème. Ca commence bien.




"Fini l'époque où ils allaient au lit sans discuter, sur injonction parentale : ils ont besoin de s'approprier l'heure de leur coucher, et les parents doivent accepter de les rendre autonomes sur ce point".




Euh...on parle bien d'ados là, hein ? On sait TOUS que si on ne fixe pas de limite d'heure à un ado, il ne se couchera que quand il commencera à dormir debout...et encore. Surtout si on lui laisse Internet, la télé, le portable, que sais-je encore.




"Si [votre ado a du mal à s'endormir], invitez-le à cesser toute activité stimulante une demi-heure avant d'éteindre la lumière, qu'il s'agisse d'un devoir de maths, d'un jeu vidéo ou de l'écoute de hard-rock, sans oublier la cigarette, qui est un excitant."




Dans cette phrase, on a le même psy qui se contredit en sous-entendant que l'heure du coucher est fixé par les parents, et non plus par l'ado comme quelques lignes plus haut ; on a le lieu commun de l'ado qui joue forcément à des jeux vidéo ou qui écoute forcément du hard-rock ; et on a un psy, toujours le même, qui ne semble pas s'offusquer que des ADOS, donc des personnes MINEURES, fument du tabac - ce qui est STRICTEMENT INTERDIT PAR LA LOI - avec l'aval des parents par-dessus le marché.
Une blague to-tale.




6. "Mon ado n'a pas le sens de l'effort". 



Tiens donc, un ado feignant, comme c'est bizarre et inhabituel !


On va passer rapidement sur ce chapitre, dont le seul titre sous-entend qu'il faut forcément être ado pour être feignant (perso, j'ai 30 ans en avril et je suis une super feignasse...oh mon dieu, un bouton ! Bon, est-ce que j'ai fait ma dissert'...vite, j'vais tweeté mes teu-po pour savoir ce qu'ils ont mis !).




"La procrastination, ou l'art de tout remettre au lendemain, est un investissement érotique de l'ennui. L'adolescent, contrairement à la majorité des adultes, trouve un plaisir sensuel à ne rien faire. Sa libido trouve aussi son compte dans ces rêveries, et dans l'inactivité de son corps".




Donc. Tu lis, t'es sur Internet, tu joues à un jeu vidéo, tu regardes un truc intéressant à la télé, bref tu ne fais pas travailler ton corps = tu fais rien, et ça te donne envie de niquer.
Je vais pas commenter hein. C'est pas la peine, je crois.




7. "Mon ado se croit à l'hôtel". 



La seule différence, c'est que l'hôtel est payant, lui.


"Votre fille laisse trainer son linge sale dans la salle de bains, votre fils a déjeuné avec ses copains à la maison, ils ont dévalisé le réfrigérateur et laissé leurs assiettes dans l'évier...ces ados se croiraient-ils à l'hôtel ? En réalité, ils s'approprient les lieux, marquent leur territoire".




Ouaf ouaf (je ris là, j'aboie pas).
Ils ont laissé les assiettes dans l'évier ? Eh ben...perso je débarrassais même pas ma table, alors bon.
Et c'était pas pour marquer mon territoire, c'était à 100% par feignantise.
Sinon, il serait peut-être temps, à 13 ou 14 ans, de s'approprier les lieux, non ? Le gars il vit là depuis sa naissance, et il s'approprie les lieux au bout de plus d'une décennie...normaaal.




Ah, et énorme : "la multiplication des écrans dans les foyers tend à enfermer chacun dans sa bulle. Et si les échanges verbaux se limitent à quelques borborygmes, c'est mieux que rien."




Attends, attends...c'est vraiment un psy qui a écrit ça ?! Non mais c'est une blague. Donc les écrans se multiplient tout seuls, maintenant. Je sais que la technologie va loin, mais j'ignorais qu'on en était à ce point.

-Vite, tu dois venir avec moi ! Il faut retourner vers le futur !!
-Ta gueule, McFly.

Allez, suivant !




8. "Mon ado fume du cannabis". 



Ah bon, c'est plus des cartes Pokémon qu'il s'achète avec son argent de poche ?


"S'il consomme occasionnellement le samedi soir, dites-lui que cela ne vous plait pas, que vous préféreriez qu'il arrête. Cette tolérance est, bien sûr, exclue, si l'ado a moins de 15 ans."




Récapitulons.
-Tu sais, ça ne me plait pas que tu fumes du cannabis, et j'aimerais que tu arrêtes.
-D'accord maman, pardon de t'avoir inquiétée, je ne fumerai plus de cannabis.
Je commente pas là non plus, hein.
Deuxièmement. Si l'ado a plus de 15 ans :
-Tu fumes du cannabis ? Bon...si c'est occasionnel, d'accord, je te fais confiance.
Et là, je commente, ou bien ?




9. "Mon ado est paresseux". 



Corollaire du point 7.


"La première raison est d'ordre physiologique. En effet, les bouleversements engendrés par la puberté s'accompagnent d'une réelle fatigue : on ne grandit pas de 15 centimètres en un an sans dommages."




Montre-moi un ado qui grandit de 15cm en un an, qu'on rigole. Et ensuite, va donc dire ça à un bébé, qui prend entre 20 et 30cm la première année, mais qui n'est jamais fatigué quand il s'agit de chialer, par contre.




"Ne serions-nous pas un peu jaloux de son oisiveté et et de son détachement vis-à-vis des contraintes ?"




Mon conseil : parents, si vous êtes jaloux de votre ado, allez voir un psy.




10. "Mon ado ne nous parle plus". 



Ouf, un peu de silence.


"Les adolescents ont besoin de prendre leurs distances vis-à-vis de leurs parents. Ils aiment leur échapper physiquement - tu ne sais pas où je suis - et intellectuellement - tu ne sauras pas ce que je pense. Ce sentiment de liberté est à la fois grisant et nécessaire, pour s'affirmer et se différencier. Ne pas parler, c'est "sortir de la tête de ses parents", construire un mur d'opacité pour ne plus être transparent à leurs yeux".




Ici, le psy explique que si l'on ne parle plus à ses parents une fois ado, c'est pour se différencier...se différencier de quoi ? De qui ? C'est le comportement de TOUS les ados, alors se différencier, euh...
Il dit aussi que c'est dans le but de faire en sorte que nos parents ne nous connaissent plus.
Bien entendu, ça ne peut pas du tout être parce que les parents sont totalement déconnectés de la réalité scolaire et adolescente de leurs enfants. Ni parce que beaucoup de parents n'en ont clairement rien à foutre de ce que leurs enfants vivent, en dehors des notes aux devoirs.




11. "Mon ado me ment". 



T'as qu'à faire pareil !


"Les adolescents ont besoin d'échapper à l'emprise familiale pour conquérir leur autonomie. D'où l'émergence, vers 12-13 ans, de menus mensonges et autres cachotteries, destinés à créer leur espace de liberté."




Mais non, trou du cul. C'est juste pour pas risquer de se faire engueuler en avouant avoir fait quelque chose qui, on le savait très bien, requérait une autorisation parentale et/ou une surveillance.




"Peinés d'avoir perdu leur belle complicité, vexés d'avoir été trompés, les parents argumentent sur la perte de confiance ("je suis déçu"), ou la sécurité ("je suis inquiet et je veux savoir où tu es"). Une réaction défensive, qui masque mal leur désir de garder le contrôle."




Mais évidemment qu'ils veulent garder le contrôle !!
JE SUIS le PARENT, et TOI, tu es l'ENFANT. JE commande, et TU obéis. Alors tu la fermes et tu te tiens tranquille, parce qu'à 13 ans, t'as encore l'âge de prendre une tarte dans la gueule, j'te signale !

C'est comme ça qu'on doit réagir, quand on est un parent responsable. Parce que si ton gamin fait une connerie et se fait choper par les flics avec 3g de vodka-red bull dans le sang alors que tu le croyais en train de faire une soirée pyjama chez son pote, c'est TOI qui es responsable légalement. Et les flics, et les voisins, et les amis ne regarderont pas ton chiard comme un sale petit con qui ment et désobéit à ses parents, ce qu'il est pourtant. Non, ils te regarderont TOI comme un mauvais parent qui laisse ses enfants se bourrer la gueule en se vidant les entrailles sur les pompes des keufs.
Ou alors on dirait que c'est pas les flics. On dirait que c'est une bande de gars qui vont tabasser et buter ton gamin pour lui chourraver sa bouteille de vodka et son mp3. Et ton fils va agoniser dans le caniveau pendant une demi-heure, en se noyant dans sa gerbe et son sang, pendant que toi tu dors tranquillement en le croyant en train de jouer au Monopoly chez son copain.
Donc laissons nos ados libres de faire ce qu'ils veulent, et laissons-les nous mentir impunément : c'est pour leur bien !!




12. "Mon ado veut un téléphone portable." 



Achète-lui un ail-phone.


"Symbole fort de l'entrée dans l'adolescence, le téléphone portable procure un statut et une jouissance qui le rendent indispensables aux yeux du préado, lequel le réclame de plus en plus tôt. À quel âge céder ? "Pas avant le collège, estime le psychiatre et psychanalyste Claude Allard. L'enfant doit apprendre à différer la satisfaction de ses désirs pour grandir, car il se heurtera tôt ou tard à la frustration."




Faut rire là, c'est obligé.
Il n'y a que trois raisons pour lesquelles un ado réclame un téléphone :
-il en a besoin
-c'est un outil de divertissement comme un autre (console, TV dans la chambre, ordinateur...)
-c'est pour faire comme les copains et pas avoir l'air con en étant le seul à pas en avoir.




Si la première raison est un argument on ne peut plus valable, elle mérite d'être étudiée : besoin pour quoi ? Dans quel but ? Dans quelles situations ?




La deuxième et la troisième raison, l'ado n'admettra jamais que ce sont celles-ci et uniquement celles-ci qui motivent son désir d'avoir un portable. Il vous dira systématiquement qu'il en a besoin, surtout si c'est faux. À chacun de faire la part des choses et de découvrir s'il s'agit de la deuxième et/ou de la troisième raison.
Si vous cédez à la deuxième raison, alors vous céderez lorsqu'il vous demandera une console ? Un ordinateur ? Si la réponse est non, posez-vous des questions.
En ce qui concerne la troisième raison, on est d'accord, elle n'a aucune validité, que ce soit pour ça ou pour autre chose. Y céder, c'est faire comprendre à ses enfants qu'on est un abruti fini à la pisse de babouin hépatique, et qu'ils pourront se foutre éternellement de notre gueule en nous faisant gober ce que bon leur semble.




"L'ado est physiquement présent, mais avec ses doigts et dans sa tête, il est ailleurs. D'où un sentiment de puissance bien difficile à égaler".




Non non. Juste l'attrait et la fascination de la nouveauté devant ce qu'ils considèrent comme un jouet (ce qui explique qu'ils y fassent si peu attention).




13. "Mon ado dépense trop".



Jaloux ?


Très vite. Ce chapitre commence par parler d'un ado qui claque sa première paye en quelques jours.
À part : "c'est son fric, il l'a gagné, il en fait ce qu'il veut et tu fermes ta gueule", y a rien d'autre à dire ici.



14. "Mon ado ne lit pas".



Juste pour citer une énième connerie : "tel enfant adorait lire à 8 ans, décroche à 12 pour marquer sa différence, et y reprend goût plus tard".




15. "Mon ado passe des heures sur Facebook". 



Tant que c'est pas sur Fesse-book.


Ah, ma préférée.




"Les ados sont accros à FB, au point d'y consacrer parfois 3h par jour".




"Parfois" ? "Trois heures" ? Il a rencontré quels ados, ce psy ?
Tous ceux que je connais passent AU MOINS trois heures par jour sur Facebook. Et je parle des jours avec école. Parce que pour ceux qui ont un ordinateur personnel, le wikend et les vacances, c'est...10 à 16h par jour.




"L'ado a un énorme besoin de vie sociale. FB lui permet de l'assouvir depuis sa chambre, c'est fascinant. Exprimer ses émotions, accueillir celles des autres, partager des idées : ces échanges développent ses capacités relationnelles. Certes, sur un mode virtuel et assez superficiel, mais l'essentiel y est : amitié, amour, coups de gueule".




Tout ce qu'on n'a pas dans la vraie vie, quoi.

Un psy qui ose dire qu'assouvir son besoin de vie sociale depuis sa chambre est quelque chose de fascinant, ça, c'est fascinant. Surtout qu'en disant "depuis sa chambre", il sous-entend que l'ado possède son propre ordinateur à lui, et placé en plus dans sa chambre. C'est un psy, ou un employé de chez Microsoft...?


Moi j'ai juste une question : comment on a fait, nous, pour développer nos capacités relationnelles, pour nous construire, sans Facebook ?
À mon avis, on n'a pas réussi. Y a pas d'autres solutions : faut que tous les gens de plus de 20 ans aillent consulter un psy, et vite, parce qu'on a tous des énormes lacunes au niveau relationnel et social, c'est évident.
Ironie mise à part, le psy admet, du bout des lèvres, que ces "relations sociales" virtuelles sont superficielles.
Vous avez déjà regardé les conversations virtuelles (que ce soit sur FB, sur MSN ou autre) d'un ado ? C'est navrant de médiocrité, de vide, de néant absolu. Y a rien, c'est creux, ils ne se disent strictement rien, mais littéralement. De temps en temps, ces conversations virtuelles servent à régler des problèmes survenus dans la vraie vie, mais toujours sur le mode superficiel : l'ado ment ouvertement, s'invente une vie, des choses qui ne sont pas arrivées, pour se donner de l'importance, se victimiser ou se faire plaindre, minimiser son rôle et sa responsabilité dans les problèmes avec les copains.
Bref, FB (et par extension Internet) est un outil dangereux et nocif pour les ados, qui n'en ont absolument aucun besoin, et qu'il convient de ne leur autoriser qu'épisodiquement, et sous haute surveillance.




"Le réseau social est devenu un support majeur de la construction identitaire".




Alors là, y a vraiment de quoi rire. Lire une chose pareille de la part d'un psy, c'est juste monstrueusement génial.
Facebook a soufflé ses 10 bougies l'an dernier, et concernant l'ouverture aux ados en France, elle a moins de 5 ans. Alors comment un psy peut-il oser dire que Facebook est devenu un support majeur de la construction identitaire, quand rien ne permet de vérifier ses bienfaits sur cette construction identitaire, donc à long terme ? 


Alors qu'au contraire, tout montre qu'un usage intensif du réseau social interdit la différenciation et la construction de l'identité, en se faisant le vecteur d'une apologie d'une certaine sous-culture à laquelle TOUS les ados s'obligent à adhérer afin de ne pas être, justement, différenciés. Car une différenciation reviendrait à ne pas adhérer à cette sous-culture, donc à se mettre à l'écart et à être rejeté par les autres.



En autorisant son utilisation par des ados, Facebook véhicule une uniformisation, oblige les ados à être ultra-conformistes et à tous parler de la même chose, aimer la même chose, connaitre la même chose.
Cette uniformisation empêche les ados de s'intéresser à quelque chose qui ne se trouve pas sur le réseau social, en les obligeant à utiliser la totalité de leur temps à s'intéresser à ce dont on parle sur le réseau, à tout connaitre de ce dont il est question, sous peine de passer pour un inculte, un abruti, un débile qui ne connait rien à rien, et finalement d'être rejeté.




"Le plaisir narcissique de l'exhibition, la facilité à s'extraire de la vie familiale pour retrouver ses amis : tout concourt, donc, à rendre l'ado dépendant. Sans aller jusqu'à lui interdire Facebook, ce qui reviendrait à le marginaliser (...)".




Je coupe cette phrase ici parce que ce qui suit n'a aucun intérêt.
La facilité à s'extraire de la vie familiale pour retrouver ses amis ?
C'est sûr, c'est tellement plaisant de discuter avec tes potes, pendant que tes parents sont sur ton dos, te gueulent dessus pour que tu ranges ta chambre ou que tu fasses tes devoirs, ou simplement lisent tes conversations sous le prétexte de surveiller ce que tu fais sur le net.
Alors que sortir de chez toi, aller en ville ou dans le parc le plus proche pour retrouver tes potes, c'est siiii difficile.




Quant à la non-interdiction sous le prétexte de la marginalisation, là aussi ça donne super envie de rire.
Nan parce que dans ce cas, faut surtout pas interdire à l'ado de fumer (du tabac ET du cannabis, bien sûr), de sortir en boite à 13 ans, de se bourrer la gueule tous les vendredi et samedi soir, et de faire des gang-bang à partir de 12 ans. Parce que tout ça, y a tellement d'ados qui le font déjà, alors imaginez, l'interdire à vos enfants, ça revient à les marginaliser ! Donc faut surtout pas le faire. Faut même les encourager à faire tout ça, il y va de leur construction identitaire !




"L'adolescent doit surtout réfléchir avant de mettre en ligne des photos ou des propos qui seront diffusés - il l'ignore très souvent - bien au-delà de son cercle intime".




Demander à un ado de réfléchir (surtout quand il est devant un ordinateur), c'est comme demander à un renard de pas croquer une poule. Ou à un gendarme de pas avoir l'accent marseillais.




16. "Mon ado regarde des séries débiles". 



Parce que New York Police Judiciaire c'est mieux ?


"Elle ne rate aucun épisode de Gossip Girl ou de Glee, il s'esclaffe aux blagues débiles d'American Pie...comment nos ados, nourris aux dessins animés de Michel Ocelot (Kirikou), ont-il pu tomber si bas ? Quel plaisir éprouvent-ils à regarder ces niaiseries stéréotypées ?"




Je crois que pour les stéréotypes, l'auteur n'a rien à envier aux séries évoquées, hein. Entre Glee qui est forcément regardé par des filles, American Pie par des mecs, et les ados d'aujourd'hui forcément nourris à Kirikou, ça va suffisamment loin pour qu'il soit inutile que je commente ça.




En outre, Glee est une très bonne série, et American Pie (les 3 premiers et le tout dernier uniquement) sont drôlissimes, autant pour des ados que pour des adultes. Quant à Kirikou, comme la très grande majorité des dessins animés non-japonais, c'est une merde noire (c'est le cas de le dire, hoho). 


Ce sont des oeuvres formatées pour des très jeunes enfants, qui ne contiennent aucune histoire, aucun scénario, et dont la qualité graphique, les dialogues, les situations et les personnages sont d'une indigence prodigieuse.

Dans le point 14, l'auteur crache sur les mangas, mais ceux-ci, ainsi que les dessins animés qui en découlent, ont le mérite de contenir une variété infinie dans les thématiques abordées, ce qui permet aux dessins animés japonais de s'adresser à un public allant du très jeune enfant au grand adolescent, et de proposer aussi bien des programmes pour les garçons (Nicky Larson, Dragon Ball Z, les Chevaliers du Zodiaque) que pour les filles (Sailor Moon, Creamy, Lucille amour et rock 'n roll), et également des programmes mixtes qui ont plu, à la belle époque du Club Dorothée, aussi bien aux garçons qu'aux filles (Max et Compagnie, Juliette je t'aime, Ranma 1/2, Un Collège fou fou fou). 

Ces dessins animés sont souvent des feuilletons, et obligent à un minimum d'attention et de concentration afin de pouvoir suivre. Ils contiennent beaucoup de situations qui mettent en scène, de manière métaphorique, les émotions et les sentiments que l'on peut ressentir lorsqu'on est adolescent (les premiers amours et la question difficile du choix avec Max et Compagnie, la non-réciprocité et le côté secret des sentiments avec Juliette je t'aime, la quête de l'identité émotionnelle et sexuelle avec Ranma 1/2), et font l'apologie de l'effort et de la détermination qui surpassent le talent inné (Dragon Ball Z et les Chevaliers du Zodiaque par exemple), et de l'amour et l'amitié plus forts que tout, et qui triomphent des difficultés (Sailor Moon).



Le problème des dessins animés occidentaux, c'est qu'ils sont systématiquement faits pour faire rigoler le jeune enfant, mais pas pour l'élever, le faire réfléchir, lui faire ressentir des émotions, des sentiments.
En France, le dessin animé est le programme des enfants, et il faut l'abandonner lorsqu'on grandit. Donc les créateurs ne se foulent pas, et on se retrouve avec des trucs moches, mal animés, gueulards et bruyants, qui abrutissent plus qu'ils ne divertissent.




17. "Mon ado a un petit copain nul".



Et ouais mais lui il en a un-euh ! Et toc !


"L'affaire se complique si l'ado, en conflit avec ses parents, choisit - inconsciemment ou non - la personne la plus susceptible de leur déplaire. En jetant son dévolu sur quelqu'un à l'opposé de leurs valeurs, il marque sa différence et s'affirme, montrant ainsi qu'il quitte la sphère d'influence familiale. Agaçant, mais plutôt sain."


Choisir = opter, consciemment, entre plusieurs choses se présentant à nous. Donc déjà, choisir inconsciemment...balèze, le psy. Très, très fort.



Sinon...sain ? Ton ado choisit son copain/sa copine en fonction inverse de ce que tu lui as inculqué, et non pas en fonction de ses sentiments, et toi tu trouves que c'est sain ?
C'est une blague, encore, c'est pas possible autrement.




D'un côté comme de l'autre, remarque : l'ado qui fait son marché parmi tout ce qui hérissera le plus ses parents au lieu de se concentrer sur ses sentiments, et le parent qui trouve ça normal et sain, c'est aussi débile l'un que l'autre.




"Quel qu'il soit, le petit ami représente - symboliquement - un danger potentiel. Il renvoie les parents à la fragilité de leur propre vie amoureuse."




Non mais ça aussi, faut arrêter. Les parents ne considèrent pas l'élu de leur ado à travers le prisme de leur propre vie de couple. Le fait est que les ados confondent allègrement attirance purement physique et sentiments, c'est le propre des plus jeunes ados, en particulier des filles. Il est donc tout à fait normal, et même nécessaire, que les parents soient méfiants envers le copain/la copine de leur ado.




18. "Mon ado sort avec un garçon plus âgé".



Future croqueuse de grabataires ?


"Conseillez-lui surtout de ne pas céder à la mode ambiante, et de réfléchir longuement avant [de passer à l'acte]. Et si elle mettait son petit ami à l'épreuve un an, voire plus, pour vérifier qu'il tient à elle ? Les jeunes filles sont souvent déçues par leur première expérience. Autant qu'elle se déroule avec un garçon vraiment amoureux."




La première fois d'une fille est quasiment toujours décevante, quel que soit l'âge du gars avec qui elle le fait. Pour limiter cette déception, il faut le faire avec un mec qui a beaucoup d'expérience(s) à son actif.




Quant au conseil d'attendre un an voire plus, c'est stupéfiant de connerie. Que le mec ait 14 ans ou 20 ans, il aura envie de baiser avec sa copine de la même façon. Parce que c'est NORMAL, dès l'instant où on devient "sexué", d'avoir envie de coucher avec la personne qu'on aime. Et le mec aura beau être amoureux comme un dingue, si sa copine lui annonce, la bouche en coeur, qu'il devra attendre un an avant de pouvoir se la faire, mais le gars dira rien du tout. Il décarrera vite fait bien fait, et c'est tout.
Mais c'est bien, conseil à inclure dans le recueil "Comment se faire larguer en 1 leçon".






Parmi ceux que je n'ai pas traités, on retrouve : 

-Mon ado pose des questions gênantes sur mon passé = il cherche une porte de sortie à ses conneries : si vous les avez faites, s'il le sait, et si vous savez qu'il le sait, vous serez moins enclin à l'engueuler et à le punir lorsqu'il les fera, 
-Mon ado ne veut plus voir son père = c'est normal, il est chiant et con, vous l'avez pas quitté pour rien, 
-Mon ado boude les fêtes de famille = c'est normal, on s'y emmerde dès qu'on a un QI supérieur à la température anale, 
-Mon ado ne veut plus partir en vacances avec moi = c'est normal, vous il peut pas vous pécho, 
-Mon ado est accro aux marques = c'est normal, il veut ressembler à tout le monde, 
-Mon ado a des goûts lugubres = il a de sérieux problèmes, ça c'est sûr, 
-Mon ado rêve d'un scooter = il veut se la péter devant ses potes, 
-Mon ado veut faire l'amour sous mon toit = les parents de son copain/sa copine ne veulent pas, 
-Mon ado a un chagrin d'amour = ça arrive à tout le monde, 
-Mon ado s'ennuie au collège = c'est normal, y a vraiment de quoi, de plus en plus, 
-Mon ado redouble l'an prochain = tant mieux, il aura de meilleures notes, 
-Mon ado ne sait pas quoi faire plus tard = c'est normal, y a pas de boulot.



Je les ai trouvés inintéressant et bourrés de lieux communs. En outre, c'était aussi celles qui comportaient le moins de conneries.





Dans chaque chapitre, y a toujours une chose qui revient : l'ado fait tout ce qu'il fait pour se différencier, pour affirmer son identité.




C'est relativement drôle que les psy nous sortent ça à chaque page, puisque dans le chapitre Mon ado est accro aux marques, ils disent, au contraire, que le souhait profond de l'ado, c'est de tout faire pour ressembler le plus possible à ses copains. Ce qui est vrai, oui il est bon de le noter, là c'est pas une connerie.





Bref, ce recueil tente de nous faire croire que l'ado est un être étrange, une créature qu'il ne faut plus considérer comme un enfant, avec qui il faut discuter de tout (surtout quand il fait une connerie), et à qui il faut autoriser des choses en comptant sur son sens des responsabilités et en lui faisant totalement confiance. 

Ne pas s'inquiéter quand on ne sait pas où il est, parce qu'il a besoin qu'on ne sache pas où il est et ce qu'il fait. 
Ne pas l'engueuler ou le punir quand on apprend qu'il fume du cannabis. 
Lui acheter un portable à son entrée en 6è pour ne surtout pas le marginaliser auprès des autres élèves, et rien à branler qu'il en ait besoin ou pas, ça c'est pas important. 
Le laisser passer autant de temps qu'il veut sur Internet (et de préférence dans sa chambre, sans surveillance), dès l'instant où cela n'empiète pas sur ses autres activités. 
Le laisser choisir l'heure à laquelle il va se coucher. 
Le laisser mentir à loisir, parce que c'est nécessaire pour la protection de son espace privé. 
Le laisser être une grosse feignasse parce que pfou, vous vous rendez pas compte, mais l'adolescence, c'est super fatiguant, grandir, tout ça, on voit que vous avez jamais été ado vous.

En gros, et pour résumer, laisser une liberté quasi totale à son enfant, sous le prétexte idiot de sa construction identitaire, le laisser faire toutes les conneries possibles et imaginables (ce qu'il fera systématiquement si on ne lui place pas de barrière), et une fois qu'elles sont faites, discuter avec lui en lui disant qu'on préférerait qu'il ne recommence pas. 
L'éducation, quoi. 

Et après on s'étonne de l'impolitesse et de l'irrespect des jeunes...

Commentaires

  1. J'adore et j'adhère totalement!!!
    Cordialement
    Estelle, maman d'une ado de 14 ans

    RépondreSupprimer

Enregistrer un commentaire

Posts les plus consultés de ce blog

Samsung c'est de la merde !!!

C'est facile de dire ça, et je viens de me faire environ 4 milliards d'ennemis, étant donné que la majorité des gens sont des pigeons. Mais j'en ai rien à foutre, et si votre inimitié soudaine envers moi ne vous rend pas plus stupides que vous ne l'êtes déjà, vous allez continuer à lire...har har har.

Le mariage gay.

Depuis le 20 septembre 2012, date à laquelle l'avant-projet de loi sur le mariage et l'adoption homosexuels a vu le jour, de nombreuses associations, pour la plupart catholiques, se sont élevées de toutes leurs croix pour crier au scandale. Hier, dimanche 13 janvier 2013, une grande manifestation a réuni de nombreuses personnes à Paris. Analyse du phénomène.

L'hygiène et toutes ces conneries

Depuis une vingtaine d'années, c'est fou le nombre de conneries qu'on peut lire partout, surtout de la part de gens qui ont un réel capital sympathie et crédibilité (malheureusement mérité) auprès du public lambda (auprès des cons, quoi). Et c'est dommage que ces abrutis - pourtant très savants dans leur domaine respectif, la plupart du temps - continuent à répandre de telles âneries, qui sont de plus en plus gobées par des tocards de plus en plus soucieux de l'environnement, de leur santé et de je ne sais quelle autre connerie. Spoiler : vous vivrez pas au-delà de 70-80 ans pour la plupart, inutile de penser à votre santé, bande de merdes.